Stress Post Traumatique (SPT)
Anciennement connu sous le nom de Syndrome de stress post traumatique (SSPT), le stress post traumatique est un ensemble de troubles/symptômes qui surviennent après avoir vécu un ou des évènements traumatiques*.
(*situation dans laquelle une personne s’est trouvée confrontée à la mort, à la peur de mourir ou à des blessures graves, lorsque son intégrité physique et/ou psychique (ou celle d’une autre personne) a été menacée. Cet événement provoque une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur. La victime ne peut ni fuir ni se défendre).
C’est en 1980 grâce à la pression des vétérans de la guerre du Viêt Nam que le « Syndrome » de Stress Post Traumatique est reconnu, ce qui permet aux recherches d’être accélérées et aux soldats d’être mieux soignés.
Le SPT ne concerne pas que nos soldats et vétérans. Il existe le « traumatisme développemental » chez l’enfant et l’adolescent ayant subit des violences physiques ou sexuelles, un deuil, un accident de la route, victime de harcèlement scolaire, communication parentale effrayante…
Mais aussi les conducteurs de trains victime de « suicide sur les rails », les victimes d’attentat, de violences conjugales, d’abus sexuels, les personnes atteintes d’une maladie grave…
Toutes ces victimes ont un point commun ; elles ont toutes côtoyé la mort et dans certaines situations, elles auraient préféré mourir.
L’état de stress post traumatique : Sidération du cerveau
Voyons un peu comment le cerveau enregistre nos expériences :
Ce sont nos sens qui captent nos expériences, puis le cerveau les transforme et en fait une sorte de synthèse de ce qu’il estime important pour nous de se souvenir. Puis, grâce à ce qu’il connait déjà (nos expériences passées), il traite l’information pendant notre sommeil REM et l’expérience est classée en souvenir (plus ou moins agréable).
Il y a des stress non traumatiques qui nous permettent de nous adapter à notre environnement et à une situation, ils sont d’ailleurs indispensables à notre suivie
Mais lors d’un événement brutal, inattendu, violent, incompréhensible et qui menace l’intégrité physique et/ou psychique de la personne, le cerveau, sidéré se court-circuite.
Les fonctions corticales sont alors paralysées et ne parviennent plus à réguler la forte production d’hormones de stress produites par l’amygdale (c’est elle qui détermine si il y a ou non danger).
Suite à cette production anormalement trop élevée de cortisol et d’adrénaline dans le corps, le cerveau se court-circuite, et fabrique un cocktail d’urgence de « drogues dissociantes » pour anesthésier émotionnellement et physiquement la victime : l’amygdale s’éteint, provocant ; figement, absence de réaction physique et émotionnelle, amnésie, déréalisation, dépersonnalisation…
Du stress au trauma : Les symptômes post traumatique
Le cerveau cherche une logique à ce qu’il s’est passé mais n’en trouve aucune… il ne sait pas comment traiter l’expérience ni la classer en simple mauvais souvenirs. La victime reste bloquée dans le passé, elle n’arrive pas à vivre dans le présent ni à se projeter dans l’avenir, le souvenir est alors fréquemment réactivé et vécu avec la même intensité au travers de cauchemars ou de flash back.
Considérant ce qu’elle a vécu comme anormal et illogique, la victime peut avoir des difficultés à mettre des mots sur ce qui lui est arrivé. Elle peut avoir du mal à se confier, surtout lorsque celle-ci éprouve de la honte ou de la culpabilité.
Les neurones miroirs sont également mis à mal. Ils jouent un rôle important dans notre développement. Ce sont eux qui nous aident à déterminer l’intention des autres à notre égard. Cette faculté étant déréglée, cela dégrade les relations avec ses proches. La victime aura des réactions impulsives à la moindre contrariété ou frustration, est aura du mal à comprendre que ses proches peuvent avoir des motivations différentes des siennes.
Pendant longtemps les symptômes du TSPT ont été confondus avec d’autres symptômes émanant de maladie telle que la schizophrénie. Les traitements ont longtemps été inadaptés ou incomplets.
Syndrome de répétions avec des flash back, des cauchemars. Insomnie, perte d’intérêts, crise de rage, réactions impulsives ou disproportionnées, sueurs froides, palpitations, douleurs chroniques, la culpabilité, difficulté à mettre des mots sur le vécu, sur les émotions, sentiment de honte, dépersonnalisation et même déréalisation (détachement vis à vis de son environnement), épuisement physique et psychologique, conduite addictive (drogue, alcool…), pensées suicidaires, voir même passage à l’acte…
Comment le corps gère les traumas
L’expérience a été si brutale, si inattendue et l’émotion si intense que le traumatisme s’inscrit durablement dans le corps.
A la moindre pensée, évocation de l’événement, ou stimuli extérieur (odeur, son, image…) capté par les sens et mal interprété par l’amygdale, c’est le corps entier qui réagit. La victime sursaute très souvent et provoque une libération d’hormones du stress.
Le corps est capable de supporter des pics de stress intenses et de courte durée, mais il ne supporte pas d’être en alerte constante. La victime est épuisée physiquement et psychologiquement.
Tous ces symptômes empêchent la victime d’amorcer le processus de résilience (capacité à surmonter les chocs traumatiques), certaines voudront même en finir définitivement…
Dépasser le passé
La capacité de résilience des êtres humains dépend de beaucoup de facteurs, certaines personnes sont plus à même de se relever rapidement que d’autre. Néanmoins, il existe des techniques qui ont fait leurs preuves afin de dépasser le passé.
L’EMDR est une des thérapies les plus efficaces pour traiter les SPT. Elle a d’ailleurs été reconnue en août 2013 par l’OMS comme l’une des thérapies d’urgences pour les traumatismes.
Si la victime mélange passé/présent/futur et l’impossibilité de raconter le vécu, dans un premier temps, il sera plus facile pour le praticien de travailler à partir du corps.
Les émotions, sensations, expressions corporelles et micros expressions du visage sont autant d’éléments avec lesquels le praticien pourra débuter un travail en EMDR. Même sur des anciens traumatismes. Il est néanmoins conseillé d’intervenir rapidement pour une « cicatrisation » rapide.
Mais parfois, la reviviscence des événements, la difficulté à filtrer les sensations/émotions peuvent entrainer la victime dans une forme de dissociation. Ce qui la coupe de toute forme d’émotions et/ou de sensations positives ou négatives.
Dans ce cas l’hypnose pourra agir sur les formes de dissociations. Le praticien travaillera avec les différentes parties qui s’affrontent à l’intérieur de la victime.
Même si chacune de ces parties cherchent à protéger empêcher ou permettre quelque chose afin de préserver l’équilibre de la personne, elles le font parfois d’une mauvaise façon au détriment de la victime.
L’hypnose et l’EMDR, en plus de désensibiliser l’émotion, permettront également de trouver de nouvelles réponses plus mesurées face à des stimuli extérieurs, autrefois considérés, à tort, comme dangereux par l’amygdale.
Sources : « Le corps n’oublie rien » – Bassel Van der kolk / « Mémoire et traumatisme » – Boris Cyrulnik
Images : Freepik
Article dédié à mon Cher et Tendre. Adjudant retraité de l’Armée de Terre qui a servit son pays pendant 20 ans.